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Art et Décoration  Volume XVIII    Page: 187
 
Des Bijoux By Gustave Geffroy
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Des Bijoux

entendu et compris ce langage, puisqu'il a
su animer les délicats objets de son art.


En conclusion, il
est certain que M.
René Laiique a fortement rénové, pour
sa part, l'art du bijou. Il a créé une
manière, à ses débuts, par ses objets
aux lignes menues,
aux frêles fleurissements, puis par son
observation de plus
en plus serrée, son
exécution de plus en
plus souple. Il a été imité de tous côtés,
comme il fallait s'y
attendre. A chaque
Salon où il expose,
sa vitrine excite toujours, et fort justement, la curiosité et
l'admiration. Il mérite l'intérêt
qui s'attache à ses productions,
non seulement pour le talent
qu'il apporte a composer, à arranger, pour sa fine et vive façon
de comprendre et de montrer
les choses, mais encore pour sa
faculté de les varier sans cesse.
Alors que d'autres continuaient
à faire du Lalique première
manière, lui, au contraire, cherchait et trouvait autre chose.
Ainsi, il y a quelques années,
au Salon des Artistes Français, une réunion de diadèmes,boucles,
bagues, etc., où dominaient
l'opale, la nacre, les ors atténués, était une délicieuse symphonie en blanc qui aurait inspiré un Théophile Gautier,
maître en équivalences. C'était
tout à fait léger, aérien, argenté, clair de lune, avec tout le
sérieux de formes et de proportions où s'est fixé l'artiste. Et
j'ai dit la beauté des Phalènes
et des Libellules du Salon d'Automne de cette
année. L'originalité de l'artiste ne peut donc
être contestée : il a
créé des bijoux nouveaux, alors que
toutes les formes,
toutes les combinaisons pouvaient paraître épuisées.


C'est là, j'y insiste, la grande erreur. La nature est
inépuisable, et chaque artiste vient y
découvrir, à son
tour, des formes de
la vie insoupçonnées
jusqu'alors. La nature, j'ai dit, avec
d'autres, que c'était
à la fois l'unité et la
variété. C'est aussi
la simplicité et la
complication. Les
choses d'abord, puis
les nuances des
choses, sont innombrables, et innombrables aussi les formes de la sensibilité chez les artistes, qui étudient et emploient tout ce qui se
présente au ravissement de leurs yeux et
à la pénétration de leur esprit. Ce que
M. René Lalique a
discerné parmi toutes
les beautés vivantes
de la flore et de la faune, c'est une
grâce fine qui n'exclut pas la force,
c'est une harmonie tendre, discrète,
effacée, froide, qui n'exclut pas la
richesse. Cette richesse se fait pardonner, car c'est une richesse mesurée qu'il faut presque découvrir.
Elle n'a pas d'éclats tapageurs, d'apparences insolentes. Elle se dissimule à l'abri des choses délicates