[Save]
Print
Mail
Article  
Art et Décoration  Volume XVIII    Page: 184
 
Des Bijoux By Gustave Geffroy
Save
Print
Mail Page  
Zoom:
100% 200% Full Size
Brightness:
Contrast:
Saturation:
 
Des Bijoux

topazes entourées d'épis de blés mûrs. Et une autre boucle de ceinture, avec des monstres
marins et des algues, reliés par un groupe
d'hommes, trop compact, qui alourdit le bijou.


Puis, un délicieux collier, fait de petits vases de cristal où sont gravées des figures de
femmes dans le style des nymphes et des
naïades de la Renaissance. De ces petits vases
sortent des feuilles recourbées d'eucalyptus
garnies de brillants. Cette fois, c'est une harmonie toute blanche, et la
grâce de la composition
est parfaite, cherchée dans
l'accord de ces minces
feuilles, recourbées et retombantes comme des anses, et de ces menus corps
allongés, si délicatement
écrits dans la dure et transparente matière, pure et
froide comme l'eau glacée
des solitudes. Les colliers
sont nécessaires aux femmes, et nous venons de
voir M. René Lalique s'ingénier, une fois de plus, à les rendre séduisants
par la ténuité des détails, la gracilité de l'ensemble. Mais combien d'autres colliers il a préparés pour les esclaves de la mode! Il connaît
les arrangements d'or pâle et d'or verdâtre. Il
sait doser la couleur, placer les perles, il a le
goût mesuré, il dispose avec une prudente fantaisie des œillets blancs, des feuilles et des fleurs de chèvre-feuilles, des violettes, de
minuscules chauves-souris gris-bleu, à têtes
d'or, séparées par de petites étoiles. Il sait
donner la sensation d'une fleur qui se fane,
de pétales qui se détachent, qui vont tomber.


Il aime toujours aussi les reptiles, les serpents qu'il s'ingénie à faire siffler dans une
chevelure : il aurait consenti sans doute avec empressement à coiffer la Gorgone. Mais si
l'emploi de la Méduse terrifiante peut encore
être tenu aujourd'hui, il ne faut pas trop l'afficher. M. René Lalique, qui n'est
pas seulement bijoutier, qui est aussi orfèvre, dessinateur et façonneur de
tous objets, emploiera donc
ses reptiles à encadrer un miroir, il les forcera aux
lignes rigides et aux courbes nécessaires. Puis il
quittera ses chères vipères
pour retrouver ses frémissantes libellules, dont il
fera, non seulement la
grâce ailée d'un bijou, mais le puissant ornement d'un lustre.


L'insecte, grossi, devenu un monstre hardi,
tout en gardant sa finesse de taille, son corps
mince, fragmenté, pareil à une tige de bambou,
dressera une énorme tête et étendra de longues ailes craquelées qui deviendront des écrans
contre la lumière trop vive. Pendant ce temps,


Boîtes en corne sculptée.

Boîte en corne sculptée.