[Save]
Print
Mail
Article  
Art et Décoration  Volume III    Page: 178
 
Les Bijoux aux Salons de 1898 By Henri Vever
Save
Print
Mail Page  
Zoom:
100% 200% Full Size
Brightness:
Contrast:
Saturation:
 
Les Bijoux aux Salons de 1898


solide peut-être soutient la perle baroque.


Les tentatives comme celles que nous montre
notre jeune confrère ne
réussissent pas du pre 
mier coup ; néanmoins,
elles méritent tous les
encouragements parce
qu'elles sont sincères
et qu'elles témoignent
d'un effort réel pour
sortir de la banalité.


Les émaux transparents de M. Suau de la
Croix rappellent sans
les égaler les travaux
analogues des Russes et
des Scandinaves. Nous
aimerions y voir plus
de recherche et de raffinement dans la coloration, ainsi qu'un dessin
plus étudié et plus châtié. M. Thesmar nous a
montré dans ce genre
des choses tellement supérieures qu'il nous a
rendus difficiles. Signalons encore les deux
broches que M. Victor
Prouvé expose parmi
des objets divers : l’Aurore et le Crépuscule
sont personnifiés par de
jeunes femmes dont le
buste émerge dans les
fleurs. L'idée est jolie,
la composition charmante, mais si le bijou
reste confus, c'est peut-être parce que la main
habile qui l'a exécuté a
ciselé le cuir avant de
s'être attaquée à l'or.

M. Nocq est un artiste intéressant, jeune et
convaincu, qui s'est tout spécialement occupé
des tendances nouvelles de l'art industriel. Il
a cherché à mettre dans ses œuvres une note
personnelle qui ne manque pas d'originalité
et qui plaît à un certain nombre. Son exécution est grasse er
souple. L'année dernière, son miroir, dans
lequel Narcisse se mirait ingénument, était
un objet charmant et
d'une invention très
heureuse; il séduisit
tous les connaisseurs.
Nous regrettons de n'avoir pas de pièce équivalente à examiner cette
année et les bijoux proprement dits qui figurent dans sa vitrine—les
seuls objets dont nous
ayons à nous occuper
ici—ne sont pas de ceux
qui, personnellement,
me séduisent beaucoup. Mais M. Nocq
est un chercheur infatigable et un de ceux
dont nos lecteurs suivent les travaux avec le
plus d'intérêt; nous aurons certainement l'occasion de le retrouver
et de nous étendre plus
longuement sur ses œuvres.


Qu'on veuille bien m'excuser si dans ces
notes rapides il s'est
glissé quelques critiques; elles sont dictées
uniquement par un désir ardent de voir nos
industries progresser
dans la voie de l'Art et
par la sympathie même
que m'inspirent ceux qui luttent si vaillamment pour atteindre les hauts sommets de l'Idéal et
du Beau dont les efforts, j'en ai la conviction,
seront couronnés de succès.

HENRI VEVER.


Peigne corne patinée. R. LALIQUE.


Bracelet : chauve-souris d'émail sur or ; étoiles en diamant. R. LALIQUE.