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Art et Décoration  Volume III    Page: 175
 
Les Bijoux aux Salons de 1898 By Henri Vever
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Les Bijoux aux Salons de 1898


cylindre de cornaline, rappelant les cachets
assyriens et égyptiens, est suspendu par un
bouquet d'oeillets blancs à une chaîne avec
plaques ajourées et émaillées dont
les motifs sont formés par des initiales et des dates, agrémentées de
délicieuses fleurs minuscules. Partout enfin la fantaisie, le caprice, se
donnent libre cours. Il ne nous est
pas possible de tout décrire, ni
même de tout citer, et cependant il
est difficile de passer sous silence
ce vase en verre opalin dont les
boursouflures sinueuses sont délimitées par des serpents d'un beau
dessin, cette broche charmante où l'on voit le
fin profil d'une femme à la chevelure émaillée
dont la main délicate tient des plumes de paon
qui garnissent le fond de leurs nuances délicieuses; cette autre où une tête coiffée d'or et
casquée se termine en ailes de papillon; et
celle-ci encore, pour finir, d'une patine si colorée, si chaude, si dorée, qu'on ne sait vraiment dans quelle matière elle est pétrie. Je
collier qui, vraisemblablement, doit l'accompagner. Ce sont là des pièces importantes,
d'une réelle originalité. Nos reproductions me m'arrête. Il me reste pourtant à dire deux
mots du grand ornement de corsage et du
dispenseront de les décrire. Les têtes sont en
agate nuancée de vert, les chevelures, très ornementales, sont traitées en alvéoles repercées; celle du devant de corsage, qui est très
longue et semée de fleurs de cerisier en diamants, tombe en cascade d'or repercé d'un
ton très heureux. Mais je me demande, ici
encore, si ce sont là des bijoux faciles à porter? L'avenir nous le dira.

On peut juger par cet aperçu de l'extraordinaire facilité d'invention de M. Lalique. Il ne
s'inquiète pas de la qualité des pierres ou des
perles qu'il emploie, imitant en cela les artistes
de la Renaissance, il sait mettre en valeur un
cabochon défectueux, une perle baroque, par le
charme et par l'art de ses montures. Son talent
très souple et très personnel sait varier à l’infini
les formes et les couleurs, et il apporte dans
ses créations le souci d'une exécution irréprochable. Il faut nous réjouir qu'une pareille
fécondité soit alliée à un goût d'une distinction rare. Dans les musées de l'avenir, ses
œuvres plaideront en faveur de notre temps et
rachèteront, dans une certaine mesure, la faiblesse des productions de cette époque, si
triste au point de vue du bijou, qui commence
vers la Restauration pour s'étendre jusqu'au
milieu du second Empire. Nous ne saurions
assez applaudir à cette régénération d'une
industrie qui nous tient à cœur et dont les
nombreuses ressources ont été négligées pendant trop longtemps.


Souhaitons seulement que les œuvres nouvelles soient d'une fantaisie moins excentrique et mieux appropriées à l'usage. Souhaitons
aussi que ces belles patines aux tons si délicats
ne soient pas fragiles et superficielles, comme
je le crains et que leur charme ne disparaisse
pas en quelques années par suite des frotte 


Broches. V. PROUVÉ.

Pendant de cou. FOUQUET.