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Art et Décoration  Volume III    Page: 174
 
Les Bijoux aux Salons de 1898 By Henri Vever
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Les Bijoux aux Salons de 1898


restés célèbres, et, dans l'inventaire de Gabrielle d'Estrée tout un chapitre est consacré
à ce genre de bijoux. Trois d'entre-eux y sont
estimés vingt-cinq mille écus. Il n'y a aucune comparaison, aucun rapprochement
à vouloir faire entre ces objets et ceux dont
nous parlons, ce serait absurde. Ceux que nous
avons sous les yeux sont bien de notre temps.
Il faut savoir gré à M. Lalique de tenter de faire revivre, en la rajeunissant, une mode qui
était si en honneur du temps de nos pères, et
qui, en tout cas, lui a inspiré de si jolis bijoux :
qu'ils soient suspendus au cou par une simple
chaînette d'or ou que cette chaîne soit ornée
de perles ou d'émaux, ils sont d'un effet charmant. Celui-ci, par exemple, formé de deux
paons blancs affrontés, avec une émeraude au
centre, n'est-il pas exquis? le jeu des brillants
du fond fait encore ressortir la valeur de
l'émail. Quel gracieux arrangement que ces
deux oiseaux dont le plumage blanc est cerné
d'un mince feston d'or fin ! C'est une idée ingénieuse que d'avoir choisi pour fond de ce bijou
la forme d'une plume de paon dont l'œil est
figuré par l'émeraude centrale. Et quelle admirable exécution! C'est la perfection poussée
jusqu'à ses dernières limites, qui se retrouve,
du reste, partout ici aussi bien dans cet autre
pendantif où un bâton d'opale se trouve encadré par des anémones fleuries, que dans
celui où deux cygnes se promènent tranquillement sur une eau clapotante avec des émaux
d'une harmonie rare. Les anneaux de suspension de ce bijou si distingué sont formés eux-mêmes par deux têtes de cygne repercées dans
l'or. En voici encore un autre bien élégant,
c'est celui où une femme debout, dans une
attitude très droite, très hiératique, est sculptée
dans un onyx blanc. Sa chevelure étalée lui
fait un manteau d'or, rendu plus riche et plus
vibrant par des stries repercées dans le métal.
Elle se dresse au centre d'une touffe d'iris
blancs aux feuilles d'or verdâtre, qui s'écartent
devant sa beauté nue. Les racines de la fleur
forment un motif très heureusement trouvé
pour suspendre une perle d'un ovale parfait.


Nous retrouvons la même variété d'invention
dans ces longues chaînes que terminent deux
pendants. Ici, ce sont des fuchsias d'une tonalité exquise, là, une branche de chèvrefeuille en
fleurs que rehausse discrètement de distance
en distance l'éclat d'un diamant. Ailleurs, un

Bijoux. H. NOCQ.