[Save]
Print
Mail
Article  
Art et Décoration  Volume III    Page: 171
 
Les Bijoux aux Salons de 1898 By Henri Vever
Save
Print
Mail Page  
Zoom:
100% 200% Full Size
Brightness:
Contrast:
Saturation:
 
Les Bijoux aux Salons de 1898


belles œuvres. Que les lecteurs de cette Revue
n'attendent pas de moi une description
minutieuse, et d'ailleurs impossible à
faire; je les renvoie aux planches ré 
parties qui, malheureusement, reproduisent les objets à une échelle réduite et ne peuvent, hélas, rendre ni
la richesse de la matière ni l'harmonie
des colorations. Comment dépeindre
en effet le charme de ces fleurs, de
cette orchidée, de ce chrysanthème
frisé dont les pétales d'émail vert sont
d'un sentiment si juste et si artistique, l'aspect si frais et si naturel, de
ces anémones avec leur corolle d'une
douceur exquise sculptée dans des
opales aux reflets caressants et irisés?
N'est-ce pas admirable de voir interpréter ainsi par une pierre dure ce
que l'épiderme d'une fleur a de velouté et de délicat? M. Lalique emploie abondamment l'opale, ce en
quoi il a raison. Vous verrez sur nombre de ses bijoux un de ces morceaux
d'arc-en-ciel qui semblent voilés d'une
lueur lactée: les mille reflets de cette
pierre, jadis discréditée, se combinent admirablement avec les tons variés de l'émail et leur éclat se marie
d'une façon très heureuse avec celui
des pierres vives et précieuses telles
que le diamant, l'émeraude, le rubis.
M. Lalique connaît toutes les ressources de sa palette, il s'en sert en
virtuose, et il excelle à poser avec un
rare bonheur les touches les plus délicates. Très épris des colorations
douces et harmonieuses que donnent
l'or, l'émail, les pierres les plus diverses, il produit avant tout des œuvres d'une originalité qui lui est propre et d'un goût toujours raffiné. Ce
sont là ses qualités maîtresses, c'est un
artiste admirablement doué, doublé,
d'un travailleur infatigable. Cependant, on lui reproche parfois, par un
excès même de ses qualités, de faire
plutôt des objets de vitrine, des pièces
de musée, des bibelots en un mot, que
des bijoux que l'on puisse porter facilement. Tout le monde n'est pas Sarah
Bernhardt ou Cleo de Mérode, et
nombre de ses jolies admiratrices sont un peu
effarouchées par l'originalité même qui le personnifie et qui, parfois, frise l'excentricité. En

effet, quelle est la femme, si élégante soit-elle, qui puisse facilement retenir ses cheveux avec

Devant de corsage : tête en pierre fine sculptée, à chevelure d'or, ornée de fleurs en diamants.
R. LALIQUE.