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Art et Décoration  Volume VIII    Page: 128.1
 
René Lalique
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Bijoux par R. Lalique

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René Lalique
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René Lalique


L’an dernier, à pareille époque, M.
Roger Marx a étudié ici même avec
son soin coutumier, sa technique
tout à la fois si documentée et si littéraire, le talent de René Lalique. Aussi ne
serons-nous pas assez hardis pour essayer
de dégager à notre tour la psychologie
d'une œuvre que notre savant confrère a
déterminée avec tant de précision et de
bonheur. Nous tenterons seulement de résumer en quelques lignes l'impression personnelle ressentie aux Invalides devant l'exposition
du jeune maître.

Sous un vol de chauves-souris se poursuivant dans un ciel de couleur scabieuse, des
femmes gaies de vivre parmi tant de merveilles
tordent leurs bustes de bronze amoureusement
modelés, éploient leurs ailes dont les nervures
se joignent et s'unissent pour une molle ronde
devant les fabuleux joyaux qui s'étalent à leurs
pieds Sur des fonds pâles les bijoux se serrent,
bagues et bracelets, chaînes et pendentifs, peignes et devants de corsage, multiples de lignes
et de couleurs et cependant harmoniques
entre eux, formant dans leur ensemble une
nappe diaprée, mariée de tons comme une
prairie printanière, ou le fond transparent et
mystérieux de quelque gave reposé. Et
cette réunion d'objets d'art constitue la
victoire française, entre tant d'autres la
moins discutée, la moins discutable, de
l'Exposition Universelle de 1900.


Victoire d'autant plus décisive qu'on
ne saurait même un instant établir valablement un parallèle entre le révolutionnaire René Lalique, précurseur d'un art nouveau et les intelligents industriels qui, utilisant
ses recherches et ses créations, exposent à ses
côtés des tentatives envieuses : lui, n'a pas
recours à des collaborateurs plus ou moins
talentueux; lui, n'a pas besoin d'appeler à la rescousse des dessinateurs multiples à l'originalité plus ou moins sûre, et les bijoux qu'il
lui arrive de vendre, il peut en revendiquer
hautement l'intégrale paternité: ils ne sont pas
le fruit d'associations obscures, ils ne sont
pas nés sous l'anonymat d'une quasi raison
sociale.


Le talent de René Lalique apparaît cette
année nettement dégagé de toute influence
antique ou orientale. A coup sûr les chefs-d'œuvre des Egyptiens, des Italo-Grecs n'ont
jamais été considérés d'un œil plus pénétrant
que le sien, et l'art des Byzantins, des Florentins et des Japonais ne fut jamais plus jalousement étudié que par lui. Nous en avons
pour mémoire les bonnes journées vécues

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naguère ensemble à la Bibliothèque de l'Ecole des Beaux-Arts, penchés sur les vieux albums
de du Cerceau, de Woeriot, de Collaert, des
frères Marot. Mais de ce que tel peintre contemporain a pénétré l'âme des primitifs italiens ou des maîtres hollandais, il ne s'en suit
pas qu'il en devienne nécessairement l'imitateur, le «détrousseur» selon l'expression de
J.-K. Huysmans. La précision sérieuse de la
vision de Lalique semble au contraire le relier
directement à la claire tradition française.
Fatalement le spectacle de ses bijoux, de ses
aquarelles, nous a toujours fait songer à cet écrivain coloré et rigoureux, à ce prodigieux
artisan des «rustique figulines» que fut
Bernard Palissy. Tous deux ont observé la
nature avec une curiosité identique ; ils se
sont attachés aux plus légers détails et se sont
attardés aux événements les plus menus. Ils
n'ont rien trouvé de négligeable ni de méprisable dans le spectacle des choses.

Comme Bernard, Lalique semble s'être «pourmené par les champs, la tête baissée
pour contempler les œuvres de nature», avoir
lui aussi scruté du regard ces fossés de Saintonge pour y interroger le monde et la flore
aquatiques, avoir étudié la germination, l'épanouissement, les maladies et la mort des
végétaux, les habitudes et les gestes des oiseaux
et des insectes, la «forteresse du loriot», les «coquilles du buxiné» l’«halacret» du
hérisson de mer. L'orfèvre s'est souvenu qu'il
était de la même terre que La Fontaine, et
comme le fabuliste, il a chéri les bêtes et les
plantes, en Champenois avisé, d'une foi tou 
chante mais renseignée. C'est une connaissance aussi profonde de la vie rustique acquise
dans, les jardins et les bois, à l'atelier, voire
même au Muséum,qui lui a permis de donner
dans ses œuvres à la nature la seule interprétation qui soit propre à l'art ornemental. Ni
copie servile, ni traduction littéraire au symbolisme prétentieux, telle a été sa formule.
Et pour y être demeuré fidèle, pour avoir souhaité que le bijou ne fût pas la reproduction
d'une planche d'album botanique ou d'atlas
entomologique, et cependant que sa pensée
demeurât simple et promptement saissisable, Lalique a excellé dans cette interprétation de
la faune et de la flore qui triomphera toujours
delà mode et des esthétiques passagères.

Tous ceux qui ont gardé le souvenir de ces
fleurs inouïes, taillées dans des lames d'opa 
les, qu'il exposa aux derniers salons, regrette-

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ront leur absence dans cette vitrine des Invalides où l'artiste a résumé son œuvre. Quels
rêves émanaient de ces corolles aux reflets
doucement irisés et où la disposition savamment étudiée et toujours si heureuse des pétales
faisait jouer harmonieusement les reflets et les
ombres. Fleurs de légendes, à la fois délicates
et vivaces, fleurs de chair qui appelaient la caresse! Nous les retrouvons sur un de ces
peignes où Lalique a utilisé cette matière simple et solide qu'est la corne, remise par lui en
honneur après le long triomphe de l'insignifiante écaille blonde. L'opale taillée y forme
le cœur doré de grands chrysanthèmes dont
les pétales projettent mollement leurs rayons
et qui semblent des astres mourants. Le rôle
joué par la pierre ensorceleuse dans la reproduction de la fleur est plus restreint cette année,
et c'est tout au plus si elle figurera la face
blême des grands chardons alpestres sur le
plat des bracelets ou au centre des agrafes


de ceinture. L'artiste semble lui préférer maintenant et l'émail translucide et l'émail opaque ciselé. Il a tiré de cette matière discrète
et multiple à l'infini, en la mariant à l'or et
aux pierreries, des ensembles savoureux.


Regardez cette branche de fuchsias dont les
feuilles si souples à retomber, s'ordonnent avec
tant d'harmonie et dont les fleurs si closes, si chastes, s'égrappent avec tant de grâce. Voici
une touffe d'anémones des bois dont la candide blancheur semble pointer des feuilles
mortes; des fougères naissantes, d'une architecture infiniment compliquée et précieuse;
des pommes et des pignes, produits du pin
sauvage, de l'épicéa et 'du pin parasol. Voici
des fruits, voici des semences : sur un tour
de cou, des noisettes non mûres encore et que
l'on devine molles, aqueuses, gardent leur
justaucorps vert, et sur un pendentif, fragiles
comme des éphémères, flottent les graines
sveltes du sycomore, si délicieusement im-

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palpables que les enfants de la campagne
les nomment les ailes d'anges. Ainsi toute
une flore s'étale, précieusement choisie,
tantôt épanouie et tantôt fanée, toujours
captivante et mystérieuse. Dans la composition d'une chaîne ou d'un collier, des profils recueillis et graves se penchent parfois, respirent des lis avec ivresse ou baisent longuement des bleuets tendres comme des
yeux : la fleur semble s'animer alors, palpiter du contact de la femme.
*
* *


Mais voici d'autres amants des plantes : les
insectes. René Lalique les a suivis dans leurs
métamorphoses et dans leurs mœurs. Il a aimé les papillons et les bêtes à bon Dieu, les
gros bourdons velus qui bruissent au printemps autour des festons violets des glycines et les gros coléoptères bruns qui s'enfuient
gauchement à l'automne dans les flaques
transparentes où verdissent les mousses. Il
semble marquer pourtant une préférence
pour la guêpe et la libellule. Au croissant en cristal de roche d'une épingle de robe, ivres
et gavées, les guêpes se sont enroulées; leurs
corps élégants de princesses ailées se sont confondus et l'arrangement de cet essaim jaune et
noir est un délice pour l'œil; les couleurs
éclatent traduites en émaux opaques, les anneaux semblent onduler elles antennes vibrer,
inquiètes. Rien n'est à reprendre dans ce bijou
de composition simple, d'exécution parfaite, et
nous doutons fort qu'au musée de Stockholm,
où il va figurer, beaucoup de pièces modernes
aient à gagner à son voisinage.

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Monstrueuse,fantastique,
la libellule au vol hésitant,
enivré, s'aplatit pour former un devant de corsage.
La «demoiselle», la fée
des saules déploie ses ailes
transparentes, ses ailes bleu
pâle et vert tendre, qui envelopperont les seins de leur
palpitation continue. La
tête de l'insecte a été remplacée par un visage féminin, une rigide figure de
songe, taillée dans la chrysoprase, cette pierre qu'affectionnait le vieux Laborde et que Lalique à son
tour aime trop. Ce splendide bijou nous enchanterait par sa légèreté flexible,
par son étincelante curiosité, n'était cette substitution que nous ne nous expliquons guère. La tête
même de l'insecte, cette
tête qu'envahissent des yeux
d'émeraude valait mieux
d'être reproduite que ce
buste énigmatique dont la
présence sur ce corps de
tulle, si fidèlement interprété, nous étonne et nous
contrarie.

Nous ne citerons que
pour mémoire de ces solides coléoptères, de ces
diables descendants de l'antique scarabée, qui encerclent si magnifiquement sur
des fonds vitrifiés les cols
des vases de Lalique, pour
nous occuper de ces oiseaux
dont les attitudes figées,
hiératiques, devaient passionner l'artiste français.
Au point de vue du caractère, ils n'ont rien à envier
aux éperviers éployant leurs
ailes du musée de Boulacq,
ces cygnes qui, Sur les pendentifs, glissent majestueux
parmi les iris, déchirant les
moires des étangs, dans des
soirs dorés, ces cygnes fabuleux qui nous condui-

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sent au pays des légendes plus sûrement que
les proses médiévales de quelques subtils
contemporains. Voici des faisans et des paons,
dont le plumage égale en richesse le costume
de ce roi Salomon, que nous voyons portraicturé au Petit Palais, sur les hautes lisses de
Sens : tantôt ils se regardent, affrontés parmi
des arabesques de pierres fines, et tantôt solitaires, ils sont branchés fièrement sur un pin
dont les racines plongent dans la mer, qu'incendie le crépuscule du soir. Derrière le
sombre lacis des ramures, l'artiste nous fait
entrevoir des oiseaux de proie, buses et vau 
tours, dont les silhouettes menaçantes se
découpent sur des nuits sans lune.

La vie, l'agitation reparaît. Des hirondelles
s'enfuient sur un ciel d'opale; autour d'un
bracelet, des chauves-souris dansent leurs sarabandes entre des étoiles de rosés, tandis que
sur un peigne, plus lentes, plus funèbres, elles
se jouent autour d'astres pâles que figurent
des pierres de lune. Plus loin des coqs en bataille agitent leurs crêtes, tandis qu'un autre
enserre en son bec nerveux un énorme diamant jaune.

Mais voici qu'apparaît au centre de la
vitrine un bijou d'une rare somptuosité et
d'une incomparable réalisation. D'un nœud de serpents tordus et contractés partent neuf
têtes qui s'étalent en éventail, crachant des
chapelets de perles baroques. On ne saurait
traduire l'horreur et la beauté de cette masse
vivante. La sensation de la force que ces bêtes

recèlent, la vérité de leurs couleurs
métalliques, la maîtrise de leur
anatomie dissipent toutes les répulsions. La vérité est victorieuse de la
répugnance physique et devant
cette hydre merveilleuse la contemplation ne se lasse pas. Seule
demeure en l'esprit la mémoire des
vers de Boileau et de la phrase du
vieil auteur : «il y avait certains serpents, aspicz et vipères, couchez et
entortillez en telle sorte que la
propre nature enseigne».
!

Entraîné par sa fantaisie, René
Lalique a utilisé aussi le paysage.
Sur de grands bijoux, pendants ou agrafes, il a montré dans l'émail
des bords de lacs aux reflets mordorés, des sapinières où les bran-

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ches ploient sous le fardeau des neiges, une
futaie profonde où la dame des romances se
promène avec son lévrier.

Dans le cristal de roche, le silex ou la chrysoprase il a sculpté la figure féminine, visages d'allégories ou visages de réflexion et de
rêveries, et selon les vers de Heredia il a souventes fois :
Casqué les blonds cheveux de quelque bête ailée
Et fait bomber les seins sous la gorgone d'or.

Il s'est aussi abandonné à son rêve et il a
mêlé l'effigie des fées à l'entrelacement des
plantes et des bêtes enchantées. Un conte
délicieux de Jean Lorrain lui a donné le motif
d'un collier de chien inoubliable : une tête de
jeune femme qu'auréolent et que coiffent de
charmantes reinettes, merveilleuses de couleurs et de vie.

Nous ne saurions oublier deux joyaux qui
provoquent l'admiration de tous. Le premier est
un devant de corsage où l'artiste a réalisé son
plus suave poème de nuances. Il symbolise la
nuit, et tandis qu'aux extrémités deux figures de
songes, immatérielles et tièdes, telles des âmes
de rieurs, se convulsent et s'étirent dans des
attitudes lassées, un grand bandeau s'étale entre
elles, fleuri de gros saphirs et de petits diamants
qui peignent la voie lactée, les nébuleuses perdues dans l'azur infini. La tonalité bleue, si
nuancée, si variée, de cette merveille, où la matière et le dessin se marient étroitement, est
une suggestive trouvaille d'art. Aucune Å“uvre
de symbolisme plus saine d'exécution, plus éloquente, ne s'est peut-être produite depuis des
siècles dans l'histoire de l'orfèvrerie. Elle
pourrait être placée côte à côte de ce chef-d'œuvre de Benvenuto du musée de Chantilly,
où l'on voit s'envoler le char d'Apollon à travers l'éther impalpable. Et voici ce diadème de Bérénice, reine de Palestine, où s'insèrent entre les rouges grenats de fragiles évocations de
la vie antique, taillées dans des émaux plus
suaves de colorations que ces vieilles porcelaines de Wedgwood qu'ils rappellent. Des
scènes d'une grâce incomparable, où le charme
des peintures étrusques s'unit à la candeur
des primitifs, et où l'artiste a révélé avec une
douceur toute racinienne sa délicate compréhension des siècles classiques.
*
* *

Lorsqu'on s'arrache à ces merveilles, on rêve
aux bijoux d'Homère, aux joyaux que portaient
les fières dames des mémoires de Cellini et des
discours de Brantôme. Et volontiers on évoque Salammbô... «des perles de couleurs va-

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riées descendaient en
longues grappes de ses
oreilles sur ses épaules
et jusqu'aux coudes. Elle
portait, autour du cou, de petites plaques, d'or
quadrangulaires représentant une femme entre
deux lions cabrés, et son
costume reproduisait en
entier l'accoutrement de la
déesse.»

Or voici qu'ils nous
sont rendus, conçus selon nos idées modernes, ces
joyaux dont notre imagination parait les belles d'autrefois. Et ils nous sont
restitués grâce à René
Lalique. Comment résumer
le secret de sa maîtrise? De
plus autorisés ont cru le
trouver dans l'union intime
du dessin et des matières
employées, dans une sensibilité des couleurs très aiguë
et toute nouvelle surgissant à une époque où le
summum de l'art semblait résider dans le mariage du diamant sur les bagues avec le saphir ou
le rubis, conception de lapidaire qui choquait
l'Å“il le plus novice. D'autres enfin ont surtout
admiré en lui Partisan qui remettait en honneur
les métaux méprisés et ne s'était plus contenté
de «ces douze pierres rares, lesquelles Saint
Jean, en son Apocalypse, prend comme par
une figure des douze fondements de la sainte
cité de Jérusalem».

Pour nous, son originalité réside en ce qu'il
a presque toujours trouvé une architecture pour
les bijoux qu'il créait. Lalique n'a pas suivi
l'errement essentiel de nos décorateurs contemporains, lesquels semblent se préoccuper
tout d'abord du détail, en laissant au hasard le
soin de leur enseigner par la suite cette ligne
d'ensemble que ne leur donne pas l'architecture contemporaine. En cette époque où l'on
n'offre guère au public que des œuvres fragmentaires, il a cru que les bijoux devaient être
des touts. Nous concevons mal, en effet,
ce paradoxe ingénieux qui consiste à ne voir
dans un joyau qu'une Å“uvre d'art nulle en
elle-même, et qui ne prend d'importance
qu'autant qu'elle participe à l'ornementation,
disons le mot, à l'ensemble de la toilette
féminine.

Le bijou doit exister par lui-même: il a le droit
de bénéficier de certaines présentations heu 
reuses, mais il faut qu'il garde sa saveur propre, porté par la brune ou la blonde, par la
laide ou par la jeune, étalé parmi les dentelles
ou fixé dans la vitrine du collectionneur. —
II doit être aussi chose précieuse et achevée, et
il ne saurait sous aucun prétexte se contenter
de l'indication ou de l'esquisse: les médiocres
tentatives de peintres ou de sculpteurs avisés
et chercheurs, mais ignorants de toute technique, nous ont, ces temps derniers, suffisamment édifiés.

Ces idées nous paraissent être parmi celles
qui ont conduit René Lalique au point de perfection où le voici arrivé ; mais toutes les
explications contingentes seraient impuissantes
à justifier sentaient, si nous n'avions la certitude que, maître ciseleur, maître joaillier,
maître émailleur, Lalique a aimé passionnément
ses bijoux de toute son âme d'artiste, et sans
arrière-pensée de lucre, ni de sacrifice à la
mode. Là réside, croyons-nous, son vrai secret,
sa «recepte véritable».

POL NEVEUX.